Bar-Zing

Lydia, tôt matin.

- J'sais pas ce que fichent les éboueurs ! Sont pas passés.

T'as entendu parler d'une grève ?

Au pied de l'immeuble décrépi, les cinq filles habituelles occupaient toute la place. Alors il avait fallu installer B … de l'autre côté, tapin d'en face.

Ça ne lui allait pas vraiment. Elle devait traverser la rue, aller et retour, à chaque coup.

• Encore une chance que les bagnoles sont rares ! Qu'elle se consolait.

Sans oublier le vieux proprio de la boutique Droguerie avec sa façade compartimentée en polygones peints couleurs crues. Lui il sortait de temps en temps, rien que pour dire et redire : ne restez pas devant l'entrée, Madame, ça me gène le commerce.

Même pas un an après, cette petite boutique traditionnelle était fermée.

Pas à cause de B … A cause de ce que les habitants du quartier

choisissaient maintenant d'acheter dans le sous-sol du BHV leurs fournitures

pour le bricolage.

Elle : le matin, c'était du rapide. Je ne m'embarrassais pas de préléminaires ...

- PréLIminaires.

- Si tu veux ! d'ailleurs les mecs n'avaient pas bien le temps. Beaucoup venaient avant d'aller pointer au boulot.

Fallait surtout pas désespérer Billancourt.

- Alors, ça y est, tu lui as fait sa grosse pipe ?

- Petite, tu veux dire.

Comme je m'approchais pour lui parler de la pluie et du beau temps, elle embarqua un type du genre bureaucrate qui ne s'attarde pas par crainte de s'en retourner en retard en famille, en banlieue.

Contrairement à ce que vous pouvez croire au premier coup d’œil, ce n'est pas une femme qui attend Lydia, mais un homme.

Un travesti.

C'est dans le studio, habituellement, que les amateurs de sous-vêtements féminins se font déguiser par la fille. Plus rares sont ceux qui arrivent maquillés, rasés, épilés de la tête aux pieds.

Le vendredi en soirée, j'ai connu un temps où ça marchait fort.